Ce matin, un gros titre dans la presse d’aujourd’hui, m’a interpelé : « Les Romands boudent le cash ». Piqué au vif, car je ne suis pas de cet avis, j’ai attrapé le journal qui traînait sur le banc à l’arrêt de bus et lu l’article, que vous trouvez ici.

Pour résumer, le propos est plus modéré que son titre accrocheur et indique que leur recherche sur le sujet conclut, selon le bon consensus suisse, que le maintien des deux systèmes a encore de beaux jours devant lui:

« Le président de la faîtière vaudoise estime que certains types de restaurants ont tout intérêt à maintenir le double système: «C’est le cas pour les établissements avec des petits «tickets moyens», surtout si la commission sur la transaction est un montant fixe.» Il fait notamment mention des buvettes de bord de plage et de certains bistrots de quartier où affluent respectivement enfants et personnes âgées. Et de recommander aux restaurateurs: «Si un seul système est utilisé, il faut impérativement l’expliciter. Car si le client le découvre au moment de l’encaissement, risque de conflit garanti! »

Il n’empêche que le sujet mérite réflexion! J’en veux pour preuve l’article viral qui circule depuis quelques temps sur les réseaux sociaux (sic):

« L’importance de L’ARGENT LIQUIDE.
J’aimerais vous expliquer pourquoi l’utilisation de l’argent liquide n’est pas seulement une forme de liberté, mais bien plus…
Prenez l’exemple d’un billet de 50 euros, que j’ai sur moi dans ma poche. Je vais au restaurant et je paie avec ce billet. Le restaurateur l’utilise ensuite pour payer son blanchisseur. Le propriétaire de la blanchisserie l’utilise ensuite pour payer son coiffeur. Le coiffeur l’utilise à son tour pour faire ses courses. Après d’innombrables passages dans des mains différentes, le billet de 50 euros restera toujours, dans l’économie, avec sa valeur initiale. Il continuera à valoir 50 euros.
Par contre, si je vais au restaurant et que je paie le dîner avec ma carte de débit ou de crédit, le restaurateur ne percevra pas la totalité des 50€, mais une somme inférieure car mon argent aura été mutilé des frais de transactions et bancaires.
Si nous estimons la taxe perçue à 1€, pour simplifier le calcul, après 30 transactions seulement, ces 50 euros de départ ne valent plus que 20 euros, les 30 euros manquants s’étant volatilisés dans les méandres du système bancaire.
C’est ainsi qu’après 50 transactions, mon billet aura disparu de l’économie et sera devenu propriété des banques.
Pensez en ce que vous voulez, mais cette vision des choses est bel et bien réelle. Ne perdez pas de vue que vous êtes responsables des actes que vous posez et surtout DES CONSEQUENCES DE CES DERNIERS.
Bonne réflexion à vous. »

Bon, cet vision des choses est trop simpliste, on doit le souligner, et le ton légèrement complotiste de son auteur n’arrange rien. Le texte omet une certaine réalité des choses, à savoir que ce billet de 50€ subit lui aussi l’inflation et que sa valeur diminue au fil du temps. Il ne mentionne pas non plus le fait que les banques facturent elle aussi des frais pour leurs services «cash», ce qui contribue à la diminution de la valeur de ce fameux billet, censé conservé sa valeur nominale.

Mais, encore une fois, la réflexion mérite d’être approfondie. Cet exemple de post viral démontre bien — par son côté viral, justement — qu’une certaine méfiance règne dans la population vis-à-vis des systèmes bancaires et que les rouages de l’économie engendre une forme de souffrance des classes moyennes, alors qu’elle fournit le plus gros de l’effort économique du pays…

En tant que travailleur dans la restauration et l’hôtellerie, le sujet m’interpelle et me plonge au cœur de la problématique à laquelle nous sommes confrontés au quotidien.

Ici, au col du Marchairuz, nous bénéficions du réseau internet, certes. Mais notre situation géographique de montagne implique que le réseau est plutôt instable et subit parfois des interruptions. Cela engendre de grandes difficultés pour la gestion de notre établissement. Imaginez la gabegie que cela peut engendrer si — en plein coup de feu de midi, par exemple — les communications étaient coupées! Vous imaginez être être dans la situation du client qui aimerait régler sa note et à qui le service annonce: « Nous sommes désolés, le terminal de paiement ne fonctionne momentanément plus… » et que vous n’avez pas de cash sur vous?…

Bref, on le voit bien, le cash reste essentiel et vital. Pour nous, comme pour vous. Le paiement numérique offre des avantages pratiques, il et vrai. Mais une approche équilibrée, combinant les paiements en espèces, tout en offrant une facilité numérique, semble être la solution idéale pour préserver la liberté et la sérénité des consommateurs et des commerçants.

Pour moi, le maintien du liquide reste donc crucial pour assurer toute liberté à tout le monde.

A bon entendeur et belle journée 🙂

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